Saint-Rémy-de-Provence
Publié le 25/05/2007
© Texte et photos Nathalie Dallain
Village
Fondée quelque cinq siècles avant J.-C. par des populations celtiques au cœur des Alpilles, Saint-Rémy de Provence devient tour à tour hellène, puis romaine vers 120 avant J.-C., prenant alors le nom de Glanum. Des fouilles archéologiques entreprises au XXe siècle révèleront la grandeur et le raffinement architectural de ce lieu de pèlerinage jadis dédié à la divinité romaine Valetudo, de ce centre administratif fiché au carrefour de deux axes de circulation majeurs d’alors, la Via Domitia et la Via Aurelia qui reliaient la péninsule ibérique à l’Italie. A l’abri des remparts dont la cité se dote dès le Moyen Age pour repousser d’innombrables invasions, elle prospère en toute tranquillité, successivement rattachée aux évêques d’Arles, aux seigneurs des Baux, puis aux comtes de Provence et aux ducs d’Anjou. Lieu de rayonnement culturel, Saint-Rémy de Provence s’offre bientôt comme un site de villégiature, sous l’égide bienveillante des papes d’Avignon. Au XVIIe siècle, elle obtient la protection des princes de Monaco, également marquis des Baux, avant de redevenir, à la Révolution française, la propriété de la France. Si Saint-Rémy de Provence suscite à travers l’histoire, les plus grandes convoitises, c’est peut-être parce qu’elle sait mieux qu’une autre, mettre à profit ses nombreux atouts parmi lesquels sa position stratégique, son art de vivre et… la riche fertilité de ses terres. Grâce au fruit de ses cultures maraîchères, elle se taillera, au XIXe siècle, une réputation par-delà le monde. Une réputation que ne manqueront pas de venir renforcer d’illustres personnages tels que Vincent Van Gogh, Frédéric Mistral, et avant eux, Nostradamus…
Saint-Rémy et son patrimoine humain
Nostradamus
Le 14 décembre 1503, naît dans une demeure cossue du cœur de la ville, celui qui deviendra le célèbre médecin et astrologue Nostradamus, celui qui, diplômé de la Faculté de Montpellier, féru de philosophie grecque et latine, défenseur des idées de Luther et de Calvin, se démarquera par son humanisme et ses écrits dont le plus connu, les Centuries, se révélera un livre de curieuses prédictions qui, aujourd’hui encore, continuent de susciter les plus grandes interrogations.
Van Gogh
Saint-Rémy de Provence fut, pour Vincent Van Gogh, le lieu d’une révélation artistique. Ebloui tant par la lumière que par l’ardeur des paysages qu’il découvre ici, il composera plus de cent -cinquante peintures et esquisses qui demeureront la clef de voûte de toute son œuvre. De l’éclat des Iris aux ors d’un Champ de blé au cyprès, en passant par l’indolence brûlante de La sieste, le peintre inscrira à la postérité la sérénité recouvrée quelques semaines avant sa mort, le 29 juillet 1890 à Anvers.
Infos Pratiques
PAS A PAS
Celle qui, dès le Moyen Age, se fait appeler Vicus Sancti Remigi en signe d’allégeance à l’égard du saint évêque de Reims - selon la légende, l’ecclésiastique y aurait accompli un miracle au moment de son passage en Provence avec Clovis - nous invite au fil de ses ruelles à feuilleter les pages de son histoire. Ici, au cœur de la ville ancienne, se découvre l’hôtel des Antiques, la vaste propriété des Mistral-Bernard, de riches marchands de chardon à carder, de garance et de graines potagères qui, au XIXe siècle, exportaient leur production à travers le monde entier ; là, l’hôtel Estrine, splendide demeure du XVIIIe siècle, abritant le Centre d’Art Présence Van Gogh. En quelques jets de pierre, on franchit les chapitres qui nous séparent de l’époque médiévale et de ses détails architecturaux reconnaissables entre mille. Gargouilles, fenêtres à meneaux et entablements jalonnent ainsi la rue Estrine, se multiplient du côté de la fontaine Nostradamus et de la maison à échauguette, rue Carnot, cette artère qui traverse la cité d’est en ouest. Un peu partout, dans l’encoignure des bâtisses comme sur les façades, s’enchâssent ces niches qui rappellent la ferveur populaire sous l’Ancien Régime. Rue Nostradamus, on retrouve de nouveau des vestiges du Moyen Age tout comme dans la vieille rue du Parage, celle qui débouche sur la jolie place Favier, anciennement baptisée “place aux herbes” car jusqu’en 1849, les producteurs régionaux venaient y vendre leurs produits. Cà et là, se dévoilent des maisons d’époque Renaissance, flamboyance de corniches et de frises en façade, cependant qu’à l’arrière de l’hôtel de Sade, on découvre les restes de thermes gallo-romains. Quelques pas plus loin, rue Hoche, se love la maison natale de Nostradamus, près de l’ancien hôpital de Saint-Jacques dont l’entrée de la chapelle ornée d’une coquille rappelle que, longtemps, les pèlerins ont fait une halte derrière la double ceinture fortifiée de Saint-Rémy de Provence et son chemin de ronde que l’on devine encore aujourd’hui…
PRATIQUE
Accès
*Par la route : du nord, autoroute A7, RN7, sortie à Avignon sud, puis accès par Novès. Du sud, A7 et A8, sortie à Cavaillon.
*Par le train : gare TGV d’Avignon (18 km)
A voir
*Monastère Saint-Paul de Mausole : à quelques pas de la cité gallo-romaine de Glanum, s’élève un chef-d’œuvre de l’art roman provençal, le monastère Saint-Paul de Mausole, célèbre pour avoir accueilli Vincent Van Gogh en 1889. Ce monument religieux qui demeure aujourd’hui encore un établissement sanitaire à vocation psychiatrique, offre la quiétude de son remarquable cloître, l’un des plus beaux qui soient en Provence…
Dans les environs
*Le barrage des Peïrou : à dix minutes de Saint-Rémy de Provence, vous découvrirez le plus vieux barrage au monde, construit par les Romains de Glanum. Une retenue des eaux de pluie à l’origine d’un lac artificiel, niché au cœur d’une garrigue fichée de pins d’Alep, prétexte aux plus belles promenades bucoliques.
*Maillane, le fief de Frédéric Mistral.
ADRESSES UTILES
*Office de tourisme de Saint-Rémy de Provence
Tél. 04 90 92 05 22 - www.fontvieille-provence.com
Ouvert toute l’année
Où manger & dormir
*Château des Alpilles, restauration et hôtellerie dans un superbe château du XIXe siècle, au cœur d’un immense parc planté d’arbres centenaires, 31 RD BP2.
Tél. 04 90 92 03 33 - www.chateaudesalpilles.com
EXTRAIT DU MAGAZINE
TERRE DE PROVENCE N°28